NEILPRYDE FLIGHT FR 2021

En attendant le test sur l'eau, j'ai le plaisir de vous faire découvrir en image le nouveau foil aluminium free-race NeiLPryde. Ce modèle remplace les RS:FLIGHT AL puis RS:FLIGHT AL EVO, dont la conception commençait franchement à dater. Pour mémoire, nos premiers tests desdit foils remontaient à 2017 ... soit en gros la préhistoire du foil. On regrette juste que NeilPryde ait tant attendu avant de les faire évoluer. C'est désormais le cas avec un modèle qui semble parfaitement dans l'air du temps.

Pour 2021, les foils NeilPryde sont désormais livrés dans une vrai malette de protection souple, plutôt compacte et facile à loger dans la voiture. C'est parfaitement cohérent avec le tarif actuel du FLIGHT FR, et la montée en gamme globale du produit. 

Exit les blocs de mousse qui se délitent rapidement, on a cette fois des pochettes pour chéque élément. C'est propre et garantira une bonne protection des pièces.

Une fois sorti toutes les pièces, voici les éléments du puzzle (assez simple le puzzle quand même). J'en profite pour évoquer la tête deep tuttle qui n'est pas fournie en standard avec le foil. Ce dernier est proposé sans tête, et on peut au choix lui adapter la tête DTT, PowerBox ou Platine pour pouvoir aller indiféremment sur tout type de flotteur ... il faudra y penser à la commande car ce n'est pas inclus.

L'une des plus belles pièces de ce foil, c'est indéniablement le fuselage en aluminium anodisé. La tête est très travaillée pour offrir une connection à la fois très hydrodynamique, et particulièrement rigide. 

La jonction avec le mat fait aussi appel à un encastrement très robuste.

Sur l'aile en carbone, on retrouve un forme complémentaire au fuselage, et il faut avouer que la qualité des écoulements a été un vrai sujet de préoccupation chez NeilPryde (design élaboré en coopération avec F4 Foil avant leur divorce). Pour notre part, nous avons choisi de tester l'aile de 80cm d'envergure (815cm2). Pour une utilisation freerace, ça fait déjà un beau bébé, et cela devrait être très largement suffisant pour voler dans le light sans trainer trop d'eau, mais le test nous permettra de le vérifier. Soulignons qu'il existe aussi une aile de 1000cm2 ... mais je précise que compte tenu du programme free-race (où on cherche logiquement un minimum de performance et de glisse), la 1000 me parait très grosse pour être polyvalente. 

Une fois l'assemblage réalisé, rien ne répasse, et on a réellement un encastrement ultra rigide. J'ai volontairement fait la photo sans le bouchon terminal pour que l'on puisse bien voir la visserie, mais les 2 vis avant sont couvertes par un bouchon qui referme très élégament l'ensemble et parfait les écoulements. 

L'assembage du stab est plutôt très propre également. Il n'y a pas de dispositif de réglage de l'incidence, ce qui peut paraître décevant sur ce type de programme. On pourra utiliser des rondelle inox, et j'imagine que certains afficionados de l'impression 3D ne manqueront pas de proposer des jeux de cales adaptées. 

L'ensemble monté respire la solidité, et la qualité de fabrication est à la hauteur de la réputation de la marque. J'avoue par ailleurs que le design est plutôt réussi ! En terme de design, ce FLIGHT FR est clairement dans l'air du temps avec des géométries et des dimensions modernes. On saluera le travail que la jonction Aile / Fuselage qui est assez innovante.

Petit détail de l'aile qui propose un diedre assez complexe. Cela devrait permettre d'avoir à la foi une stabilité et une portance sans comparaison avec le RS FLIGHT qui a été tant décrié ces derniers temps (rappelons quand même que ce dernier a été conçu en 2016 ... l'âge de pierre du windfoil ... il faut donc relativiser).

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Next step : le test

Montage

Le montage du foil n’appelle pas à des commentaires particuliers, mais je souligne quand même la qualité de finition des éléments, et de la visserie. En terme d’installation sur la planche, comme souvent avec les talon alu (NP, Zeeko, Fanatic), il est primordial d’ovaliser les trous du flotteur car les filetages longs ne supportent pas de désaxement, et il n’y a pas d’insert que l’on puisse tourner. 

Le talon rentre sans forcer dans la planche, donc le rake se règlera naturellement avec une cale sous l’avant du talon. Pour mon test, j’ai opté pour un rake de 3°

Décollage et glisse

Pour le test du jour, le vent était bien présent (une petite 15aine de knt), mais pour m’assurer des capacités de vol et d'envol, j’ai volontairement toilé petit avec une 6m2 bien tirée.

L’envol est très aisé et intervient assez rapidement après quelques coups de pumping peu appuyés. Certes, il faut un peu plus de vitesse qu’avec les foils de freeride comme le Glide ou autre Vento 85 avec leurs ailes à large corde, mais pour un foil typé freerace, l’envol est plutôt très rapide. En comparaison, il décolle avec moins de vitesse et d’énergie que nos foils de slalom (F4, Phantom, SB 800), et évidemment bien beaucoup plus vite que les foils alu première génération (NP Flight AL ou Zeeko Amplifier)

Au contraire des foils de freeride, la prise d’altitude est très progressive et l’appui augmente progressivement au fur et à mesure que l’on accélère. Tout ceci est très fluide, jamais brusque. 

Dès le premier bord, on perçoit une glisse très correcte qui permet d’atteindre une vitesse de croisière très honorable. Ce n’est pas du tout au niveau des foils de course bien entendu, mais ce n’est pas comparable non plus avec les modèles de freeride. Je dirai même que pour un foil aluminium , on est dans le haut du peloton … tout au moins utilisé avec une aile de ce type de surface. Très clairement, ce premier jeu de sensations me fait dire qu’entre les 2 ailes disponibles, la plus petite (815) était clairement le bon choix pour avoir un modèle assez polyvalent et relativement performant dans toutes les conditions (à moins de peser 110kg bien entendu). 

Equilibre et stabilité

Côté équilibre, on fait également un pas de géant comparé au FLIGHT EVO. Cette fois, utilisé sur un flotteur Phantom (qui est conçu pour des foils plutôt pied avant), l’équilibre est parfait sans cale dans les conditions médium. Je n’ai pas ressenti la nécessité d’appuyer fortement ni sur l’arrière , ni sur l’avant. J’étais très équilibré sans forcer. Même dans les acélérations, pas de poussée anormale sous le pied avant.

En terme de stabilité, on trouve enfin chez NP une stabilité longitudinale à la hauteur de nos espérances. Après les premières générations (FLIGHT AL et F4 Carbone) très exigeantes , et les 2e génération sportives (F4 Evo et FLIGHT EVO) , on n'a cette fois aucune critique à formuler : le compromis est très réussi … assez proche du nouvel AFS 95 : suffisamment vif pour réagir facilement lors des rafales ou des changements d’assiette, mais suffisamment stable pour naviguer sans se préoccuper de la gestion longitudinale …. tout au moins à des vitesses de croisière raisonnables.

Côté stabilité latérale, aucun soucis non plus, mais NP a toujours été très bon de ce coté grâce aux connnexions très rigides, donc on en attendait pas moins . La mise à la contre gite est extrêmement facile et se contrôle sans même y penser. 

Les moins

Allez, finissons par les 2 points qui me plaisent moins :

• la stabilité en lacet souffre d’un manque de rigidité en torsion du mat, et cela se ressent par une trajectoire plus floue
• le sifflement du mat 

Avec le fuselage allongé à 90cm, les efforts sur le foil soumettent le mat à des torsions bien plus conséquentes qu’avec les fuslegas courts. Comme sur la plupart des foils aluminium, on a donc une élasticité qui se traduit par des mouvements parasites en lacet, et par conséquent une sensation d'un foil qui danse un peu et de flou dans la conduite. Comme cela ne se produit que sur cet axe , on n’est pas réellement perturbé dans le contrôle du foil, mais cela impacte la sensation de netteté du pilotage. 

Je souligne qu'à ce jour, tous les foils aluminium qui ont des fuselages un peu longs produisent le même effet (certes un peu moins marqué sur l’Alpine foil et le Starboard toutefois), mais il est important de souligner que ce phénomène les différentie nettement des foils carbone raides (F4, Phantom R, Phantom X, IQFoil, Noe 97 et 97 UHM, AFS 95, Zeeko UHM). A contrario, on retrouve les même sensations sur les foils carbone souples. 

Le 2e point est récurrent sur de nombreux foils aluminium, et particulièrement chez NeilPryde. Je parle là du sifflement du mat, dû à un perturbation hydrodynamique sur le bord de fuite du mat, et lié à la « goute » d’anodisation. On est nombreux à avoir subit se phénomène très marqué sur le premier foil aluminium NeilPryde. Il réapparaît ici en bien moins marqué et moins aigu, mais il est toujours aussi désagréable d'entendre les potes de navigation vous dire qu’ils vous entendent venir de loin. Fort heureusement, on sait parfaitement retirer ce bruit par ponçage du bord de fuite, mais c’est toujours génant de devoir faire ceci sur un foil neuf. Le point positif, c'est que le sifflement est de fréquence fixe, ce qui est un moindre mal (je me rappelle du H9 fanatic où c'étaiot carrément insupportable).

Bilan

Le FLIGHT FR n'est clairement plus comparable à ces ancètres de chez NeilPryde. On a cette fois un foil parfaitement dans le jeux des modèles actuels, au design et à la finition particulièrement réussis. Il était temps que cette mise à jour soit faite par ceux qui ont démocratisé le foil il y a quelques années.

Le plus gros point positif, ce sont ses performances générales très homogènes et son équillibre sans défaut.  On regrettera juste que NeilPryde n'ai pas blindé un peu plus de mat en torsion, et réglé ce satané problème de sifflement, car il viendrait alors en tête de peloton. 

Reste le tarif (1359 avec la tête tuttle) , qui le place un peu cher dans la catégorie des foils aluminium freerace (1299 pour un Alpine A1 SL, 1129 pour un Zeeko Bullet Alu) . Ceux qui affectionnent son design et ses prestations feront sans doute l'effort.