PHANTOM INFINITE LTD 86 2024
Creation date
13 October 2023 by Eric Glissattitude
Views
3700 Views
Messages
1 ( Last 17 October 2023 by Eric Glissattitude)
Programme : La zone verte situe le programme d'utilisation dans la fourchette FREESTYLE / FREERIDE / FREERACE / RACE
Price : 3249.00 €
Flotteur produit en petite série, et développé par Nicolas Goyard, avec un shape révolutionnaire à bouchains vif.
La carène à bouchains vif permettant de diminuer la trainée aérodynamique, de réduire la surface mouillée lors de touchettes et de pouvoir avoir beaucoup d'angle à la contre gite et dans les gybes sans toucher l'eau.
Le mot du développeur :
Edition limitée à 40 exemplaires maximum pour Fev 2024 : 10x 76L / 25x 86L / 5x 95L
Contexte
Le monde du windsurf, évolue, et celui du foil avec. Après une période de développement intense de l’activité ces six dernières années, on assiste à un resserrement lié à un transfert massif de pratiquants vers la Wing et son côté logistique simplifié. Le marché du windfoil se concentre donc sur les pratiquants de très bon niveau, qui ont franchi un cap de maîtrise technique, et ne se retrouvent pas dans les nouvelles pratiques par manque de sensation. Dans ce contexte, le développement des produits windfoil se concentre par la force des choses sur le segment haut-de-gamme, à l’attention de pratiquants exigeant techniquement.
Dans le même temps, le foil démontre un peu plus tous les jours, à haut niveau, que c’est un outil largement plus efficace que l’aileron dans une immense majorité des cas. Après une domination outrageante du foil depuis trois ans en PWA, les marques ont investi massivement sur la performance, et on observe cette année le fruit de ce travail. On l’a vu cet été avec les foils Patrick et Phantom : une nouvelle génération de produit a vu le jour, et ce n’est probablement qu’un début.
Pas plus tard qu’hier, la PWA s’est résolue à séparer les circuits aileron et foil pour ne pas voir l’aileron disparaître. Sans cette décision, il y a fort à parier que le slalom traditionnel aurait tout simplement disparu des radars dans les moins à venir. De façon corollaire avec cette décision, l’association des professionnels du Windsurf (PWA) a également décidé de réduire la quantité de matériel autorisé pour les coureurs, avec un flotteur unique pour la saison en foil, et deux flotteurs pour le slalom aileron.
Ces remises en question poussent les fabricants de réagir et proposer des produits adaptés à ces nouvelles règles. Dans le cas du foil, le développement se concentre sur des flotteurs de 85 cm de large. Ce format représente aujourd’hui la majorité des ventes, derrière les 76 à 78 cm, destinées à la pratique vent médium à fort. Pour autant, même si elle reste plus faible, cette deuxième catégorie est celle qui progresse le plus depuis que le foil n’est plus assimilé comme une seule solution de light Wind. Par contre, le segment des flotteur de 90 cm et plus se réduit comme peau de chagrin, aux quelques très rares compétiteurs de Formula Windsurfing
La nouvelle stratégie commerciale Phantom
Phantom foiling, très impliquée dans le foil, est une fois de plus l’une des premières à dégainer pour proposer un flotteur novateur correspondant à ces nouvelles contraintes. La marque en profite pour faire évoluer sa stratégie commerciale en s’adaptant au marché. Désormais, Phantom conservera ses modèles au catalogue aussi longtemps qu’ils ne seront pas techniquement dépassé. On ne parle plus de millésime, mais on pousse même le concept jusqu’à une baisse de tarifs lorsque les coûts de développement sont amortis. A partir de cet automne, vous pouvez ainsi observer une baisse assez significative ( de 10 à 20%) du tarif de leur best-sellers comme les voiles Iris X, ou les flotteur IRIS MK2 (la X85 passe ainsi de 2649 à 2199€). Dans le contexte d’inflation généralisée, cette baisse offre un rapport qualité prix de premier ordre sur des produits référence du marché.
Dans le même temps, pour participer au développement technique de notre sport, et faire plaisir aux passionnés qui vibrent pour les nouveautés, la marque sortira de temps à autre des séries limitées de produits destinés à incarner l’état de l’art en matière de glisse sur foil. On parle là de produits intégrant des concepts novateurs, des processus de fabrication hors standard, ou des matériaux hors du commun. C’est dans ce concept que je teste aujourd’hui le flotteur de 86 cm de large, qui sera enregistré en PWA par les coureurs de la marque Phantom pour 2024. Proposé en trois tailles 76, 86 et 95 dès fev 2024, ce flotteur sera commercialisé en pré-commande exclusive, avec 40 exemplaires max pour le monde entier (10x 76L / 25x 86L / 5x 95L)
Nouveau concept
La carène de ce flotteur représente l’essentiel de sa particularité. L’évolution est loin d’être anodine, et essentiellement orientée vers l’optimisation de l’aérodynamisme et le renforcement de la stabilité en vol. Techniquement, c’est une extrapolation de ce que l’on trouve sur un flotteur de Kite race : un patin central limité par deux bouchins vifs et deux larges plans latéraux obliques.
L’épaisseur des rails exposés au vent est ainsi réduite de plus de moitié, et l’écoulement transverse se trouve nettement moins perturbé, plus laminaire, et plus symétrique intrados / extrados. Avec ce profil, les modèles démontrent une nette diminution des variations de portance du flotteur en fonction de l’angle de gîte, ce qui évite théoriquement l’amplification des instabilités en roulis.
L’aéro du nez a également été travaillée pour réduire encore l’effet de succion. Enfin, une toute nouvelle jupe permet de réduire la hauteur des cheminées de foil, faciliter l’accès à la visserie, et optimiser les écoulements à l’arrière du flotteur. La ligne de rocker est également très différente de la version MK2, avec un kick relativement important, ce qui rend le dessin des arrêtes de Cut plutôt complexe. Ces derniers ont été diminués en largeur et profondeur pour compenser la perte de stabilité lié à la carène à bouchin.
L’outline est par contre assez semblable à celui de l’IRIS MKII. Avec ces modifications, le flotteur perd une petite dizaine de litres de volume, mais sans perturber sa flottabilité.
Bref, beaucoup de modifications au final, qui sont toutes liées les unes avec les autres. On peut dire que ce flotteur explore indéniablement des horizons totalement nouveaux avec des concepts qui n’avaient jamais été mise en place en Windsurf. Nous étions donc très impatients de pouvoir constater l’effet de tous ces changements sur l’eau.
Sur l’eau
À l’arrêt, le flotteur a une flottabilité similaire au modèle 85 MKII, et le plan de pont reste du même type.
C’est dans la phase de pumping et de décollage que les choses commencent à être réellement différentes. Dès que le flotteur prend un peu de vitesse, on fait face a une instabilité latérale, liée à la faible largeur de la zone plate centrale. Le flotteur a tendance à dandiner autour de la position centrale, alors que l’on ne s’y attend pas.
Il faut un moment d’adaptation pour dompter le phénomène, et comprendre qu’il est nécessaire de s’appuyer sur le mat du foil pour aller chercher une certaine stabilité durant la prise de vitesse.
Dans un vent un peu soutenu, la phase instable est courte et gène peu. Par contre, lorsque le vent est faible et que la phase de pumping est plus longue, une certaine habitude est requise. Durant cette phase, il est assez facile de faire des erreurs avec pour conséquence des départs au lof ou à l’abatée. Le positionnement du pied arrière sur la planche est alors essentiel, idéalement assez proche de l’axe central du flotteur.
La planche est également plus complexe à faire poper, avec un appui sous le pied arrière moins franc. Par contre, il n’y a aucun phénomène de succion, et la glisse naturelle est excellente, voir meilleure que sur la MKII. Compte tenu des conditions le jours du test, je n’ai pas pu le vérifier, mais il y a fort à parier qu’une fois l’instabilité latérale maîtrisée, il soit même possible de décoller encore plus tôt.
Je me suis permis des insister un peu sur cette particularité, car c’est très sensible, un peu déstabilisant … pour autant c’est le seul défaut que l’on peut trouver à l’Infinite... car pour le reste ;)
Dès que l’on est en l’air, l’effet combiné de la carène à bouchin, des rails plus fins, et du nez retravaillé prend tout son sens. Malgré l’utilisation d’un foil très libre lors du test, la conduite du flotteur est très propre. Le comportement en roulis est nettement plus sain, et les effets de lacet induit drastiquement réduits. L’assiette est plus calée, et la navigation donne comme une impression d’évidence, de rectitude. On retrouve la sérénité que l’on a pu ressentir sur des flotteurs comme la Severne Hydro, mais en la débarrassant de toute l’inertie. J’ai eu l’occasion de jouer avec les jeunes du club en mode entrainement entre 2 bouées rapprochées, et la maniabilité du flotteur reste bluffante pour passer dans un trou de souris lors des situations encombrées au jibe.
Jusque là, le contrat est parfaitement rempli pour cette Infinite, qui apporte une évolution notable du comportement en vol grâce à un concept novateur.
Mais ça ne s’arrête pas là, car cette carène étonnante apporte également une évolution majeure sur le terrain des touchettes. Honnêtement, je pensais que l’on avait déjà fait l’essentiel du chemin de ce côté, et j’avais du mal à me convaincre qu’une avancé sur ce point pouvait encore réellement changer les choses …. Et bien, c’est en essayant l’infinite que j’ai pu constater le contraire. Tout d’abord, cette carène représente un véritable bon en avant concernant la fluidité des touchettes, mais surtout elle permet de se rendre compte de leur influence en navigation … et plus les conditions sont compliquées plus c'est évident.
Pour finir, Nico m’avait vendu une capacité à effectuer des jibes plus agressifs grâce aux rails remontés … j’avoue que je n’y croyait pas, ou plutôt que je ne me sentais pas du tout concerné lol. En bien, contre toute attente, cette géométrie de carène facilite aussi énormément la gestion du flotteur pour un béotien (ou presque …)
Effectivement, tout comme pour les touchettes en vol, on ne mesure pas combien les touchettes au jibe perturbent cette figure … ou plutôt si: on le mesure quand cela disparait. Pour le coup, au bout d’une heure sur l’eau, je me suis permis d’engager au jibe comme je le faisais rarement, sans aucune appréhension. Et même les situations délicates sont bien plius facile à récupérer.
Bilan
Je n’aime pas tirer des conclusions après un test aussi court, et j’espère pouvoir approfondir ce dernier, en particulier dans des conditions light pour mesurer l’adaptation à la carène. Pour autant, il faut admettre que Nicolas GOYARD et Phantom nous proposent un nouveau concept qui a beaucoup de sens et qui représente une réelle innovation.
L’infinite ne sera pas un flotteur pour Mr tout le monde, d’abord pour son accessibilité qui demande de l’adaptation et un petit bagage technique, et aussi compte tenu de sa rareté (seules 25 Infinite Ldt 86 seront produites, et il ne faudra donc pas trainer des semaines avant de passer commande). Ceci dit, la marque Française montre qu’elle continue à ouvrir la voie et que l’avenir du foil est loin d’être statique. Je fiche mon billet que cette Infinite vas vite inspirer la concurrence, toujours avide de rattraper son retard ;)
Remerciement : Je ne le fais pas (assez) souvent, mais je tiens à remercier Nico et Alex de m'avoir fait l'honneur d'être le 2e à tester ce prototype après son propre concepteur.
Flotteurs : JP Freefoil Pro 115, Phantom IRIS R 85 et 78 MKII
Foils : Patrik AEON S, SabFoil Vento 85
Voiles : Severne Hyper 7 de 5 à 8m, Phantom IRIS X MKII 4.2, NP FreeFlight 4.0
Wisbones : AL360 RTE poignée LISA, LISA Foil T1000 175-225